(Mamadi Doumbouya, candidat surprise à la présidentielle, l’opposition crie à la trahison)
La Cour suprême de Guinée a publié, samedi 8 novembre, la liste provisoire des neuf candidats à l’élection présidentielle prévue le 28 décembre 2025. Parmi eux figure le nom du président de la transition, le colonel Mamadi Doumbouya, qui avait pourtant promis de ne pas briguer le pouvoir. Une décision qui ravive la colère de l’opposition et relance le débat sur la sincérité de la transition.
En Guinée, le suspense a pris fin ce samedi 8 novembre avec la publication par la Cour suprême de la liste provisoire des candidats à l’élection présidentielle. Sur les neuf noms retenus figure celui du colonel Mamadi Doumbouya, au pouvoir depuis le coup d’État de 2021.
Sa candidature, déposée le 3 novembre dernier, marque un tournant majeur dans la transition guinéenne. Malgré son engagement initial à remettre le pouvoir aux civils, le chef de la junte a finalement cédé aux appels de ses proches, officialisant ainsi sa volonté de rester aux commandes du pays.
L’annonce a suscité de vives réactions au sein de la classe politique. L’ancien Premier ministre en exil, Cellou Dalein Diallo, a vivement dénoncé cette candidature, estimant que « la Guinée a été une nouvelle fois trahie. Les Guinéens ont manqué un autre rendez-vous avec l’histoire, celui qui avait juré devant Dieu et devant le peuple de ne jamais se porter candidat à l’élection présidentielle, marquant la fin de la transition, est revenu sur sa parole au mépris de son serment ».
Et d’ajouter : « Nous nous dresserons tous comme un seul homme avec courage et détermination pour mettre fin au cycle vicieux des promesses trahies et des serments bafoués. »
Outre Mamadi Doumbouya, huit autres candidats ont été retenus, pour la plupart peu connus du grand public. Sept d’entre eux représentent des partis politiques, dont Abdoulaye Kourouma, chef du Rassemblement pour la renaissance et le développement (RRD). L’opposition, privée de certains de ses poids lourds, pourrait se rallier autour de Faya Lansana Milimono, figure critique du régime en place. Figurent également deux anciens ministres : l’ex-Premier ministre Lansana Kouyaté et l’économiste Ousmane Kaba.
Un seul candidat, Mohamed Chérif Tounkara, se présente en indépendant, ayant obtenu les parrainages requis.
Sur les 51 dossiers déposés, plus d’une trentaine ont été rejetés. Les recalés disposent de 72 heures pour introduire un recours, tandis que la Cour suprême aura 48 heures pour statuer. La liste définitive des candidats sera publiée le 13 novembre.
Certains ont toutefois choisi de se retirer d’eux-mêmes du processus. Le Collectif des candidats indépendants (CCI) a annoncé, le même jour, son retrait définitif, dénonçant « des blocages administratifs, des zones d’ombre juridiques et l’absence des conditions de transparence et d’équité ».
Quatre ans après la prise du pouvoir par les militaires, les Guinéens s’apprêtent donc à voter le 28 décembre prochain. Ce scrutin, attendu par la population et la communauté internationale, doit mettre fin à une longue transition dans un pays marqué par une histoire politique instable et plusieurs coups d’État.
Mais la candidature de Mamadi Doumbouya, loin de rassurer, fait déjà planer le doute sur la crédibilité du processus électoral et sur la véritable volonté de retour à l’ordre constitutionnel.
Fifamey RAS


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