Près de 80 chefs d’État et de gouvernement sont réunis à Luanda, en Angola, ces 24 et 25 novembre 2025, pour le septième sommet conjoint de l’Union africaine (UA) et de l’Union européenne (UE). Sous la thématique « Promouvoir la paix et la prospérité grâce à un multilatéralisme effectif », l’événement vise à redéfinir un partenariat qui, après 25 ans d’échanges réguliers, cherche encore sa véritable voie.
Redéfinir l’Axe de la Coopération
Ce sommet, troisième édition à se tenir sur le continent africain (après Le Caire en 2000 et Abidjan en 2017), est l’occasion d’évoquer l’avenir d’une relation qu’Antonio Costa, président du Conseil européen, souhaite « un partenariat robuste, équilibré et tourné vers l’avenir ».
Toutefois, la nécessité d’une refonte s’impose. Pascal Saint-Amans, professeur à l’Université de Lausanne, estime que « La relation entre l’Afrique et l’Europe doit être revisitée ». Il observe que la dynamique change :
« Les échanges économiques ont longtemps été dans une relation coloniale, mais je crois qu’avec la révision globale de la géopolitique mondiale, on a une relation qui est plus sur un pied d’égalité, moins paternaliste et c’est une très bonne chose ».
Sécurité, Investissements et Valeurs
Deux sessions thématiques principales sont au programme :
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Paix, sécurité, gouvernance et multilatéralisme : L’occasion d’évoquer des crises majeures comme l’Ukraine, le Soudan, l’est de la RDC, ou encore le Sahel.
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Citoyens, migrations et mobilité.
Sur le plan économique, l’UE a lancé le Global Gateway, une stratégie qui vise à mobiliser plus de 300 milliards d’euros d’investissements d’ici 2027, dont 150 milliards pour l’Afrique. Ce sujet était au cœur du business forum qui précédait le sommet.
Cependant, la priorisation de l’économie suscite des débats, notamment sur le maintien des valeurs européennes :
« L’Union européenne ce sont des valeurs, si nous les laissons tomber, qui seront nous ? ».
Certains participants insistent sur la nécessité de continuer à parler gouvernance et droit de l’homme, afin de ne pas offrir « la même offre que les autres partenaires », visant implicitement la Chine et la Russie.
L’Urgence Humanitaire et la Question Démocratique
Un autre paramètre clé est l’urgence humanitaire, l’UE étant désormais un bailleur de fonds essentiel dans ce secteur, par exemple en RDC, suite à la baisse des aides américaines. Il est donc crucial de trouver « un nouvel équilibre entre l’aide et l’investissement ».
Néanmoins, l’orientation de l’UE vers les questions économiques et sécuritaires au détriment de la démocratie est critiquée par certains acteurs :
« On sent que l’UE met aussi plus l’accent sur la question économique et sécuritaire, plutôt que sur la démocratie et les droits de l’homme. (…) Quand vous interpellez l’UE, on vous dit « non, moi je ne m’immisce pas dans les affaires intérieures, je ne fais qu’aider sur le plan économique et humanitaire ». Et ça, nous voulons que ça change ».

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